mercredi 25 février 2009

PRESENTATION DU SPECTACLE

Il était une fois un peuple. Scindé en deux par la géographie et l'Histoire. L'une des moitiés vivait à l'Est, dans le froid, et mangeait des harengs et des cornichons. L'autre moitié vivait au Sud, et mangeait du couscous. Rien à voir. Sauf qu'il y a un point commun : contrairement à certaines idées reçues, aucune des deux moitiés ne mangeait forcément tous les jours. De part et d'autre du monde, à l'Est comme au Sud, tout un petit peuple cousait, ravaudait, tannait et remaillait pour survivre. Et lorsque la vie était trop dure, certains quittaient l'Est ou le Sud, pas souvent avec des papiers, mais toujours avec un rêve : la France. Et puis vinrent des temps de fer et de feu qui ont fait périr la quasi-totalité de la moitié de l'Est. Et si ces temps avaient continué, il en aurait été de même pour l'autre moitié. Aujourd'hui, dans cette France tant rêvée, les deux moitiés se parlent par la bouche de deux personnages, une femme et un homme. S. est une gosse de Sarcelles, tombée là par hasard, au gré des aléas de la petite et de la grande histoire. M. a grandi sur les boulevards extérieurs qui font la ceinture de Paris, parce que c'est là qu'a échoué la grande vague qui a porté son grand-père depuis les bords de la Baltique. Rien n'explique qu'ils se soient croisés, ni pourquoi, mais leur rencontre s'éclaire des multiples déracinements, errances et ré-enracinements de leur rencontre s'éclaire des multiples déracinements, errances et ré-enracinements de leurs aïeux. Ils se racontent des histoires de sans-papiers, de va-nu-pieds, de saute-frontières et d'intégration. Des histoires de fuite, de voyages à pied à travers la steppe et de pirates. Des histoires de préjugés. Des histoires de neige et de sable. Peu à peu, bribe par bribe, se tisse une toile qui dessine les contours d'un pays étrange tenant à la fois du Séfarland et du Yiddishland, où Brest-Litovsk se relie à Tunis et où Sarcelles regarde Kovno en une saga savoureuse et bigarrée. S. vient du Sud, M. vient de l'Est. Rien à voir. Ah, si, au fait ! Ils sont Juifs. Maurice Delaistier